Interview de Jenni Hobbs, directrice du Festival littéraire de Franschhoek.

Festival qui débutera le 17 mai le temps d’un long week-end annuel où les écrivains se réunissent pour discuter des derniers livres, de l’histoire complexe et de l’actualité. Une occasion pour les sud africains de rencontrer aussi leurs écrivains et des auteurs internationaux.

Pourquoi avez-vous décidé de créer ce festival ?
Pour trois raisons: réunir écrivains sud-africains anglophones et des invités de marque venus d’Afrique et d’outre-mer,
encourager une culture de la lecture dans notre vallée et le Western Cape,
recueillir des fonds pour les bibliothèques locales.

Le Fonds de la Bibliothèque FLF emploie actuellement un bibliothécaire qualifié et s’emploie a moderniser quatre bibliothèques d’écoles primaires à Franschhoek, grâce à des dons de passionnés langue maternelle pour engager les jeunes lecteurs.

En quoi consiste votre travail ? Quelle est la meilleure partie de votre travail ?
La planification commence au moins un an d’avance, suivi par des discussions détaillées et des négociations avec les éditeurs, les auteurs et les conseillers littéraires. Je suis ravie de voir le festival grandir d’années en années et combler les amoureux des livres pendant trois jours. Un grand plaisir aussi de voir l’enthousiasme des jeunes dans leur découverte des livres et leurs rencontres avec les auteurs. La meilleure partie a été d’apprendre à connaître tant d’écrivains intéressants et admirables.

Que doit être entrepris pour assurer le développement de la littérature de l’Afrique du Sud ?
Les auteurs doivent être en mesure de vivre de leur travail pour continuer à écrire. En présentant des auteurs exceptionnels et leurs livres, les festivals littéraires comme le notre et d’autres célèbrent l’écriture, encouragent la lecture et participent à les ventes de livres.

La lecture est l’une des compétences clés de l’éducation, et cela commence avec les parents qui racontent des histoires à leurs enfants. Tout le monde aime les belles histoires, et le désir de lire se développe à partir de là. Nos objectifs, en tant que nation, devraient être de délivrer des livres aux enfants des leur plus jeune âge, en particulier par la création d’une bibliothèque avec un bibliothécaire dans chaque école, fournir plus de soutien pour les jeunes écrivains prometteurs et à abolir la taxe de vente sur les livres.

Comment la démocratie a changé la littérature sud-africaine ?
Elle a énormément élargi nos horizons. En d’autres termes, s’éloigner des dures réalités du colonialisme et de l’apartheid et permettre aux auteurs d’explorer librement des intérêts plus larges et des thèmes qui auraient été impensables en vertu des lois sur la censure.

Comment jugez-vous les nouvelles technologiques : une menace ou un moyen de stimuler la littérature ?
Bien que je préfère disons le livre ‘’physiquement’’, je crois que toute lecture peu importe son support et quel que soit le sujet. Il faut voir les nouvelles technologies comme un bonus car ils stimulent les ventes de livres en les rendant accessibles aux lecteurs du monde entier.

Etes-vous confiante dans la littérature sud-africaine pour l’avenir ?
Absolument! Nous avons quelques nouveaux auteurs extraordinaires et une foule d’histoires à raconter.

Quelles mesures devraient être prises pour favoriser de nouveaux talents sud-africains ?
Nous devons identifier les talents prometteurs dès que possible. Puis les accompagner au sein de groupes de soutien, et mettre en place un financement via des bourses pour les talentueux afin de leur donner suffisamment de temps, en dehors de toute pression, pour les aider à gagner leur vie de leur écriture.

Pensez-vous que la littérature sud africaine s’exporte bien sur le marché international ?
Pas par sa portée et sa variété. Il ainsi est décourageant pour les écrivains moins connus de voir toujours les mêmes noms régulièrement promus et célébrés dans d’autres pays et donc d’avoir le sentiment que leur travail n’est pas considéré.

Quels sont vos auteurs sud africains et internationaux préférés ?
J’ai beaucoup de favoris à partir de la lecture de toute une vie. Chez les romanciers actuels, j’admire comme nouveaux auteurs Claire Robertson dont le récent The Spiral Maison sera un classique sud-africain et Sifiso Mzobe dont Young Blood a remporté plusieurs prix littéraires. A l’international, j’aime l’australien Tim Winton, Sebastian Barry et Joseph O’Neill pour l’Irlande, Hilary Mantel pour récit vivant de l’Angleterre élisabéthaine, Tan Twan Eng qui illumine la Malaisie, American Tobias Wolff et – plus récemment – Laurent Binet pour sa superbe traduction de HHhH du français.

Votre message pour convaincre nos lecteurs de venir visiter Cape Town et l’Afrique du Sud ?
Nous sommes un pays passionnant avec un fort esprit qui se reflète dans notre écriture, et vous trouverez les Sud-Africains chaleureux et accueillants. Au Cap, prenez au moins une journée pour découvrir Franschhoek, ses vignobles au cœur de magnifiques paysages, ses vins de renommée mondiale, ses restaurants et ses maisons d’hôtes – de préférence pendant le long week-end en mai, lorsque les villages bourdonnent d’écrivains et des gens qui parlent de livres.

Trois mots que vous aimeriez que les gens utilisent quand ils parleront de l’Afrique du Sud en 2020 ? Vibrante – accueillante – pacifique.