27 décembre 2013,  matin, en route vers Beaufort West

Journée plutôt chargée et menée à pas de charge. Car deux temps forts.

Je quitte Oudtshoorn pour me rendre à Beaufort West au nord-est de la province du Cap.

En route, étape rapide à De Rust, village au charme rétro et pittoresque avec ses cafés décalés, ses décorations intérieures ‘’new age’’ et ses maisons au style colonial. Arrêtez vous pour boire un café, un thé et faire le plein de provisions car, ensuite, plus aucun village jusqu’à Beaufort West, soit pendant près de 130 kms ! Prenez donc vos précautions, en particulier, si vous voyagez avec des enfants.

La route traverse la réserve du Swartberg, notamment par les gorges de Meiringspport. Encaissé par moments, le défilé reste, cependant, large, coiffé du large ciel bleu du Karoo et dominé par les sommets du Swartberg. La route ne cesse de passer et repasser les cours des rivières,  la plupart du temps à sec.

Mais incroyable nature, l’eau surgit miraculeusement avec cette très belle cascade et sa vasque nimbée de ses trois verts : chrome, opaline et pistache. Profitez-en pour soit un pique-nique, soit vous baigner et ainsi vous rafraîchir avant de reprendre la longue route jusqu’à Beaufort West. La cascade est accessible à 10 mn de marche, sans aucune difficulté.

Beaucoup de roches aux masses énormes se cramponnent aux falaises de calcaires lumineuses et  immenses. Des roches dont on imagine que seuls les Titans sont en mesure de déplacer et de tailler en pièces.

A la sortie du ‘’pass’’, les montagnes s’effacent d’un coup du paysage. On les cherche,  stupéfaits, par leur brutale disparition. Effacées comme sur une ardoise magique. Le désert reprend violemment ses droits, sans transition. Juste peuplé de ces colonies d’aloès, dressés comme des petits êtres  avec leur tête à la coupe de cheveux de punk.

Vacuité du désert qui se miroite dans l’immensité du ciel bleu. Ou telles deux parallèles que l’horizon force finalement à se rejoindre. Des nuages épars flottent. Tels des mots que le ciel envoie au désert dans sa probable tentation d’établir un dialogue.

Mais le désert reste quasiment et infailliblement muet. Seul le vent par moment, qui balaie les plaines et qui  soulève la poussière, semble être sa réponse. Le vent, ne serait-il pas son histoire qu’il nous susurre ?  A moins que la poussière soit sa colère contre sa propre condition,  contre le reflet de son image renvoyée par le ciel bleu azur que tout oppose.

Puis le relief quitte définitivement le cadre naturel.

A 100 kms de Beaufort West, plaines à l’infini.

Un semi-désert plat et sec comme une planche à pains.

Terre dure comme un poing serré mais poilue de petits arbustes et d’une végétation très rasante au sol.

A 70kms, soudainement, à l’horizon, dans le ciel, un trait se dessine. Puis en se rapprochant, ce trait prend une forme plus palpable pour devenir une réalité, à nouveau des montagnes.

On devine les premiers contreforts du parc national du Karoo.

La ville de Beaufort West est posée à même sur le désert. Comme un grand camp prêt à être plié hâtivement en cas de départ précipité. Il y a des villes qui au premier abord suscite une curiosité troublante. Pour ne pas dire une petite défiance. Qui s’estompe plus ou moins à force de la fréquenter. Il en va ainsi pour Beaufort West, véritable ville de triage, au sens propre comme au sens figuré. Car c’est une ville étape importante sur la N1, véritable cordon ombilical qui relie Johannesbourg à Cape Town.

En cette période d’été austral, la route est empruntée à 90%  par des 4X4 flambants neufs immatriculés de Johannesbourg et qui roulent à tombeau ouvert, pressés de rejoindre le Cap pour les vacances.