Pas très malin de partir un vendredi soir. Mais pas le choix. Surtout, ce départ s’est fait sur un coup de tête.

Ou, plutôt, sur un coup de cœur.

A la suite de la lecture d’un article qui m’a donné envie.

La vie n’est-elle pas faite, en partie, pour répondre ainsi à ses désirs immédiats ? Autrement dit, profiter du temps présent.

Donc, il me faut du temps pour sortir du Cap et de ses faubourgs. Notamment en direction de Table View. Trafic routier plutôt dense.

Mais après, que du bonheur, les grands espaces, l’air frais du bush au moment ou le soleil décline et la lumière rasante.

J’ai tout de même 2h30 de route devant moi. Et la ou je vais la réception ferme à 21h. Donc, je roule à vive allure pour ne pas dire à tombeau ouvert sur cette nationale, large et rectiligne. La voiture endure sans broncher.

J’arrive une fois la nuit tombée.

Peu avant, la pleine lune m’a accompagné au cours de la dernière heure de route. Pleine, belle et avec pour fond des nuages aux nuances douces entre rose et orange mandarine.

Le rideau sur le décor est donc tombé. Le village est enveloppé par la nuit. Je suggère le paysage… demain il se dévoilera…

Ma destination ? Elands Bay. La plupart du temps, on voyage pour chercher quelque chose, une autre culture, des paysages différents, de l’inattendu. Mais, en se rendant à Elands Bay, on y cherche rien. Car on sait d’avance ce que l’on va trouver.

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Une petite station, enfouie dans une baie discrète, avec pour cadre, l’océan majestueux et  une plage immense et rien d’autre.  Inutile de s’épandre. L’attente est à la taille du village : ramassée.

Une destination cul de sac. A mon arrivée de nuit, je suis surpris car je me rends compte que je suis au bout de la route. L’hôtel donne sur la plage.

Au fait, à Elands Bay, le choix des logements se réduit à peau de chagrin. Un seul hôtel. Et quelques maisons d’hôtes.

A Elands Bay, la vie est réduite à sa plus simple expression.

Au matin, quelle vue de la terrasse de l’hôtel ! Vous êtes face à l’océan et cette plage vaste. Avec à votre gauche, cette imposante falaise qui cache ainsi Elands Bay des regards indiscrets.

C’est l’excellente saison car la petite station est vide. Parfait pour s’imprégner de cette plénitude des lieux et du moment.

Un véritable havre de paix. Ou le diable, je note de façon amusée,  se manifeste par le terrifiant raffut que fait l’océan avec ses vagues puissantes. A tel point que se forme une mer d’embruns sous laquelle la plage disparait. Tout comme l’horizon.

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Un havre de paix ? C’est-à-dire ce genre de lieu ou le bonheur d’être (la) se suffit. Ou le bonheur entre en vous par tous les pores et vous respirez  au diapason d’une nature admirable, pacifique. Elle vous inocule sa douceur du temps. Temps dont elle veut en faire un ami et non un ennemi comme nous avons trop tendance à le considérer.

Sur la plage, on ressent une incroyable différence de température en l’espace de dix mètres. A marcher sur le sable sec, vous êtes écrasés par le soleil brulant et la chaleur suffocante matinale. Mais en marchant dans l’eau, l’océan froid conjugué au vent rafraichit de façon spectaculaire la température. La césure est toute aussi radicale qu’étonnante.

Elands Bay devient de plus en plus populaire auprès des surfeurs. Facile et rapide d’accès de Cape Town.

J’entame ma descente par la même route mais cette fois ci de jour. Route qui longe la baie d’Helene. Grandiose par sa taille, car elle s’étend sur plus de 50 kilomètres. Vues sur l’océan partiellement par moments obstruée par les dunes de sables blancs qui longent la route.

J’ai la possibilité de me rendre sur l’une des plages privées. Et ainsi de mesurer l’immensité, en tous cas une partie, de cette plage qui s’étire à perte de vue et entièrement sauvage. Un décor trop grand pour les yeux.

La lourde chaleur empêche d’y trainer ses guêtres et de faire une longue marche… ou l’on peut se sentir comme un Robinson…

Je repars en direction de Saint Helena Bay. A part une eau magnifique, irisée de turquoise, aucune raison de s’attarder.

Dans la région, d’ailleurs, les rares villes portuaires présentent un profil industriel. Hormis parfois une plage et une nature bien pourvue, les villes en elles mêmes ne valent pas un arrêt comme : Vredenburg dans les terres et Saldhana, le long de la cote.

baie d helena

 

A lire la Suite avec le West Coast National Park cette semaine