Au fur et à mesure que les expositions abondent et qu’un nouveau musée se prépare à ouvrir en Afrique du Sud, le marché semble prêt à suivre. L’engouement pour l’Art Africain s’emballe, les signes qui l’attestent se multiplient. Cet article fait un état des lieux de ce marché de l’Art en pleine ébullition.

Une actualité abondante, des expositions en série

Premier signe qui ne trompe pas : le monde de l’art parisien vibre à un rythme africain en cette année 2017. Les expositions abondent. La Fondation Louis Vuitton accueille une exposition en trois parties consacrée à l’art africain: Art / Afrique, le nouvel atelier (du 26 avril au 28 août), incluant une Spectacle de l’art sud-africain contemporain. Pendant ce temps, le Parc de la Villette accueille le festival 100% d’art et de culture africain (jusqu’au 28 mai) tandis que les Galeries Lafayette célèbre l’art et le design africains avec une exposition (jusqu’au 10 juin). L’exposition Art Paris (du 30 mars au 2 avril) a fait de l’Afrique son «invité d’honneur».

Autre événement important : Sotheby’s accueillera sa première vente moderne et contemporaine africaine à Londres le 16 mai prochain.

Un engouement récent mais en pleine effervescence

Hannah O’Leary, en charge de l’art africain moderne et contemporain chez Sotheby’s, indique que la vente sera un mélange d’artistes de diaspora africains et de noms plus connus, tels Yinka Shonibare et Kader Attia. Les grands noms de la scène artistique africaine contemporaine tels que William Kentridge et El Anatsui, qui animent également les principales ventes d’art contemporain de Sotheby’s, seront présents aux côtés de Romuald Hazoumè et Meschac Gaba, ainsi que des artistes modernes dont Ben Enwonwu, Ibrahim El Salahi et Irma Stern.

Sotheby’s est entré sur le marché après avoir observé le développement des ventes africaines de Bonhams (où elle a déjà travaillé) pour arriver à la conclusion qu’il est possible de franchir un nouveau seuil, soit susciter l’intérêt qui va au-delà d’une clientèle largement africaine mais qui inclus désormais les collectionneurs d’art modernes et contemporains en général. « Ce marché a été largement ignoré et sous-représenté, mais maintenant cela est corrigé »,complète Hannah O’Leary.

Giles Peppiatt, directeur de l’art moderne et contemporain, a lancé son département d’art africain en 2006. Il a été le pionnier des ventes d’art africain depuis 2008 et, cette année, il tiendra deux ventes Africa Now Modern à Londres. Il lance également une nouvelle vente de l’Art du Maghreb à l’automne pour se concentrer sur l’art du Maroc, de la Tunisie et de la Libye, en plus de ses ventes actuelles issues de l’Afrique contemporaine et l’Afrique du Sud. Le cœur du marché de l’art africain, selon lui est centré sur les collectionneurs internationaux avec des liens vers l’Afrique du Sud et le Nigéria, qui ont les économies les plus fortes du continent et les plus grandes bases de collection.

Un marché de l’art en plein changement

Mis à part Pigozzi, les collectionneurs internationaux les plus connus de l’art africain contemporain comprennent Robert Devereux et l’ancien patron de Puma, Jochen Zeitz. Touria El Glaoui, fondatrice du groupe des foires 1:54 à Londres et à New York, a annoncé une troisième édition à Marrakech, en 2018, en partie pour s’appuyer sur les galeries et collectionneurs marocains et tunisiens établis, et en partie parce que Marrakech- grâce à sa biennale, établie en 2005, est devenue une destination attrayante pour les collectionneurs internationaux.
Un nombre croissant aussi de galeries, principalement à Londres et à Paris, se concentrent désormais sur l’art africain. À Londres, cela comprend la Galerie Vigo, la galerie Tyburn, le Tiwani Contemporary, la Galerie d’octobre, la Galerie d’art africain (Gafra) et la Galerie Jack Bell. A Paris, la liste comprend Sitor Senghor, Galerie Anne de Villepoix, Galerie Eric Hussenot et Magnin-A.

Zeitz Museum of Contemporary Art Africa Cape Town

Les musées répondent présents

Les musées répondent dorénavant très présents. On peut citer, parmi ces collectionneurs institutionnels qui s’engagent de plus en plus et sur longues durées en faveur de l’Art Africain de plus longue durée : le musée Pompidou, le Tate (qui a lancé son comité africain d’acquisitions en 2012), le Smithsonian, le Brooklyn Museum, le British Museum et le Museum of Modern Art à New York. Ceux-ci ont été rejoints par un grand nombre d’institutions américaines tout comme le musée Fowler à UCLA, le High Museum of Art à Atlanta et la Virginie Musée des beaux-arts.

Le 1er Musée de l’Art Contemporain d’Afrique ouvrira au Cap

Cependant, il se pourrait bien que l’évenement majeur soit l’ouverture septembre prochain du Musée Zeitz d’Art Contemporain d’Afrique (Mocaa), à Cape Town. Musée qui s’appuie sur les collections de l’allemand Jochen Zeitz. Une collection riche de 2000 œuvres d’art. Ce musée, sans conteste, aura une résonance énorme. Musée qui fera aussi la fierté des artistes africains car pour la première fois, leurs œuvres seront exposées dans un musée sur le continent dont ils sont issus. Un nouvel acteur qui pourrait changer la donne du marché de l’Art Africain Contemporain.

Un autre article sera consacré aux plus grands artistes du marché de l’Art Africain Contemporain

Article inspiré librement de What’s driving the growing interest in African art?