Ce matin je me rends aux bureaux de l’association Giraffe Conservation Foundation (GCF), basés à Windhoek, la capitale de la Namibie. C’est la seule ONG au monde qui se concentre uniquement sur la conservation et la gestion de la girafe à l’état sauvage dans toute l’Afrique.

Rendez-vous matinal car il est 7h15. Mais en Namibie, nous vivons au rythme du soleil. Fin février c’est l’été qui décline mais les journées peuvent être encore très chaudes. Le soleil est déjà fort.

Autour d’un bon café chaud, je rencontre Naemi, la responsable du programme d’éducation environnementale de Khomas (KEEP), un programme interactif d’éducation environnementale conçu et mis en œuvre par GCF.

Martha, Audi & Naemi, GCF.

Elle me présente Audi et Martha qui nous accompagneront et animeront cette matinée éducative avec les enfants lors d’une marche dans la réserve de Dan Viljoen, à 15 minutes en voiture de la capitale Windhoek.

Ce programme (KEEP) vise à sensibiliser les jeunes namibiens à prendre soin de leur environnement en leur donnant l’opportunité de renouer avec la nature grâce à des sorties sur le terrain.

Ce programme, créé en 2016, a depuis accueilli plus de 2500 enfants.

Naemi fait partie des Talents d’Afrique que nous permettons de rencontrer lors d’un voyage en Namibie. J’ai décidé de joindre Naemi, son équipe et une classe sur le terrain afin de découvrir comment se passe concrètement cette matinée. Et faire partager leur remarquable travail d’éveil et d’éducation auprès de ces élèves issus d’écoles primaires défavorisées de Windhoek.

L’objectif est de déclencher chez les élèves une prise de conscience sur les questions environnementales, et susciter à travers cette sensibilisation un vrai changement de comportement pour conduire in fine à améliorer leurs conditions de vie.

Nous partons en voiture et retrouvons les élèves à la réserve de Dan Viljoen.

Dès notre arrivée, la chance nous sourit car trois girafes nous accueillent, proches de là ou nous retrouvons les enfants.

Les enfants, au nombre de 24 aujourd’hui, sont invités à former deux rangs.

Les enfants enthousiastes, sont accueillis par des girafes -photo Crédit GCF Namibie

Naemi avant de commencer la marche, leur souhaite la bienvenue, leur pose quelques questions pour jauger rapidement de leur connaissances sur la faune et la flore avant de finir par livrer ses instructions et les règles à respecter en milieu naturel. Comme ne rien jeter ou encore lorsqu’on aperçoit un animal, on le pointe du doigt silencieusement.

A la question posée par Naemi  »avez vous entendu parlé d’Etosha ? » Je suis à moitié surpris de voir qu’un seul enfant lève le doigt. Cela montre le chemin à accomplir dans l’éducation et le travail qui reste à faire dans les écoles. (Etosha est le parc national pour observer la faune sauvage le plus connu en Namibie, l’une des curiosités avec les dunes du Namib les plus visitée en Namibie)

Présentation de la journée et écoute des consignes par les enfants

Puis les élèves sont répartis en quatre groupes, chacun portant le nom d’un animal, avec un leader désigné qui prend en charge le sac affecté ou se trouve la nourriture par groupe fournie par l’association. Des encas variés qui permettent aux enfants de recharger les batteries au cours des pauses, tout au long de cette matinée de découverte et d’initiation.

Un livre d’apprentissage est remis à chaque élève, sur le modèle des  »cahiers de vacances », avec des descriptifs sur les arbres, les animaux, des textes explicatifs sur les écosystèmes mais aussi riche de jeux ou de mots croisés et de coloriages. C’est leur outil pédagogique tout au long de cette matinée.

Ready, steady, go.

Nous sommes prêts à nous mettre en route d’un pas tranquille. Avec des premiers arrêts pour profiter d’explications sur les premiers arbres le long du chemin. Les enfants sont guidés à les reconnaître à travers le livret d’apprentissage.

l’apprentissage des arbres en Namibie par les enfants pour les reconnaître

Aujourd’hui les élèves sont chanceux car, à peine après avoir effectué quelques pas, ils peuvent observer, en silence, les girafes qui nous regardent d’un air intrigué. Des girafes, curieuses, qui nous fixent.

Des situations toujours cocasses car il est impossible de savoir qui observe réellement qui. En tous cas, cette présence des girafes suscite un véritable intérêt chez les enfants et ils les observent avec un vrai émerveillement.

Puis nous reprenons notre marche en avant. Les enfants se montrent très calmes, disciplinés, attentifs et peu loquaces. Au grand regret de Naemi. Mais patience, cela viendra plus tard. Une fois un premier casse-croûte dans le ventre et s’être familiarisé avec leurs animateurs.

Les enfants concentrés, notent ce qu’ils voient sur leur livret d’apprentissage

Puis après une marche à travers la brousse, plutôt dense, en raison des pluies historiques qui ont marqué le pays cette année, on marque une première pause. Les élèves peuvent boire et entamer une partie de leur casse-croûte. De l’énergie indispensable pour participer à la première session d’apprentissage.

Vérification du travail

Naemi aborde différents sujets et pose des questions dont les réponses se trouvent dans le livre qui leur a été remis. L’engagement des élèves est plutôt faible.

Naemi, en vieille habituée de ces sorties, connaît les ressorts et a ses secrets pour stimuler la participation. La gratification reste une valeur sûre chez les enfants. Tout comme les  jeux de rôles.

D’autant plus que la sérénité des lieux, au coeur d’une nature verdoyante, est propice à l’écoute, même si elle est dispersée par moment de la part des enfants, et aux échanges fructueux en plein air.

Animations & Jeux de rôles

Après ce moment de questions réponses, une animation est mise en place. 6 enfants sont invités à se tenir debout. Chacun tient dans ses mains une petite fiche avec le nom d’un élément non vivant et vivant appartenant à notre écosystème.

L’objectif est de faire comprendre l’interdépendance entre tous les éléments, l’importance de cette chaîne alimentaire, du vers au renouvellement des sols grâce à la décomposition des animaux tués.

Par exemple, quand on tue les serpents, pratique courante en Namibie, cela peut conduire, loin d’être évident à première vue, à la destruction de l’écosystème dont nous dépendons entièrement. Le choix du serpent est pertinent en raison de sa mauvaise presse.

L’exercice fait bien comprendre que quelque soit l’animal, le respect est fondamental sous peine en fin de compte de mettre en danger notre propre existence.

Nous reprenons notre marche en file indienne. Il est interdit de se doubler. On demande aux enfants d’observer ou ils marchent en raison de la présence éventuelle de serpents.

Les enfants se passent les os de girafes

A l’ombre d’un acacia, les élèves disposés en cercle, écoutent les explications données par Audi sur les os des girafes que les enfants passent entre eux avec un air amusé, car c’est une première pour eux. Audi alterne son intervention avec des questions pour évaluer leur compréhension.

Nous posons le camp cette fois près de l’eau qui rejoint plus loin en amont le barrage. Lieu bien sûr où viennent s’abreuver régulièrement les animaux. Nouveau casse-croûte mérité pour les enfants.

Nouvelle animation qui rythme cette matinée éducative en milieu naturel. A la barre, cette fois, Martha qui dresse à l’aide de petits seaux en plastique de différentes couleurs, représentant les éléments vivants, non vivants et les êtres humains, une construction pyramidale, avec en son sommet les êtres humains.

Animation pour sensibiliser les enfants à la préservation de leur environnement

Cette construction illustre notre écosystème. Avec cette construction simple, elle démontre comment en nuisant à l’un de ses éléments c’est l’édifice dans sa totalité qui s’écroule. Règle qui a sa propre exception. Par exemple, si l’on fait tomber le pot représentant les être humains, la pyramide reste intacte. Preuve que les êtres humains ne sont pas indispensables.

Les messages sont-ils bien passés ? L’heure du debrief.

On repart pour une ultime étape et dernière pause aux abords de la retenue. Tout en finissant leur nourriture, c’est l’heure du debrief pour les élèves et l’heure de vérité pour Naemi, Audi et Martha qui demandent aux enfants ce qu’ils ont retenu de cette matinée. Les réponses, il faut le reconnaître, accouchent parfois dans la douleur.

Un des points essentiels, notamment à travers les animations, c’est de s’assurer comme le disent les animateurs, que  »les enfants ont saisi les messages.’‘ Au vu des réponses données ou des silences gênés, parfois dû à une certaine timidité, il est évident qu’il faut davantage d’une matinée pour assimiler ces messages.

C’est pourquoi un suivi est fait à l’école à travers leurs livret d’apprentissage et à l’aide des instituteurs. Suivi qui est rendu plus difficile en ces temps de Covid. Beaucoup d’enfants en ce moment ne vont à l’école qu’une semaine sur deux.

Photo de la classe à la fin de cette matinée éducative de découverte en pleine nature

En tous cas, les enfants sont volontaires, enthousiastes, et ravis de cette matinée pratique, au cœur de la nature dont ils ignoraient pour la plupart d’entre eux l’existence. Pour la plupart d’entre eux, c’est leur première sortie dans une réserve.

Une véritable initiation, la première graine est semée, c’est le plus important. Graine qui grandira grâce à ces actions de sensibilisation, au travail du corps enseignant et il faut le souhaiter d’un changement au quotidien du comportement des enfants dont dépend directement leur avenir.

Grâce à ces sorties qui aident à une meilleure compréhension, il faut espérer que les enfants contribuent à la protection de l’environnement, ce patrimoine naturel d’une valeur inestimable en Namibie.  

Photos copyright © Giraffe Conservation Fund 2021 & Planetexperiences
© 2021 – tous droits de reproduction interdits.

Voyagez autrement avec Talents d’Afrique

En lien avec notre engagement social et notre volonté de redonner un véritable sens au voyage, nous avons lancé  »Talents d’Afrique ».

Avec Naemi, l’une de nos Talents d’Afrique

Avec Talents d’Afrique, au moment de choisir votre voyage en Namibie, vous parrainez un talent qui correspond à l’un de vos centres d’intérêts, à l’un de vos sensibilités ou avec laquelle et/ou lequel vous avez une affinité.

Par exemple, vous êtes passionné d’art. Choisissez un artiste. L’éducation est votre credo. Choisissez une personne engagée dans un projet éducatif. Etc.

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